Mon expérience à Potosi, en Bolivie

19.02.19 | 0 commentaires

Nous retournons cette semaine en Bolivie. Départ de la charmante ville de Sucre pour nous rendre à Potosi, juste avant notre expédition dans le Sud-Lipez et le mythique Salar d’Uyuni. Au bout de 3 heures de route, nous arrivons à Potosi  qui  depuis 31 ans est classée au Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’Unesco (1987). Une visite de Potosi, marque et ne laisse pas indifférent(e). Elle marque tout d’abord physiquement, c’est une ville vallonnée qui culmine à 4 095 mètres d’altitude, on prend le temps de flâner dans les rues de la ville. On en ressort également marqué psychologiquement de par son histoire.  La ville de Potosi est principalement liée à l’exploitation du minerai d’argent et la vie est loin d’être aisée pour les habitants de cette ville qui fut jadis la perle de la couronne espagnole. Dans cet article, je vais vous parler de mon expérience dans la ville de Potosi le temps d’une journée.

L’histoire de Potosi

L’histoire de Potosi n’est pas née avec les espagnols. Peu de temps avant la conquête, l’Inca Huayna Cápac avait entendu ses vassaux parler du Sumac Orcko (en quechua, qui signifie magnifique montagne), et avait découvert qu’elle était pleine d’argent mais quand l’empereur Inca a essayé d’extraire le métal, il y a eu une explosion qui a été interprétée comme une interdiction divine, car cet argent était réservé « à ceux qui venaient plus tard ». Les historiens voient une influence délibérée des espagnols dans la légende, pour légitimer leur travail sur la colline. Aujourd’hui, les églises baroques et les élégantes demeures reconverties en musées restent un souvenir vivant de l’époque espagnole.

Photo : Espaces Andins

En Espagne, l’expression « vale un Potosí » est utilisée pour exprimer la valeur de quelque chose de précieux. Sans aucun doute, cette expression provient de la valorisation de la ville de Potosí en tant que source de richesse pour la couronne espagnole. Fondée le 1 er avril 1545 par les espagnols, l’objectif était l’exploitation des ressources naturelles de la région. Travaillaient les espagnols puis majoritairement des travailleurs indigènes et les esclaves qui furent durement exploités. On estime que le Cerro Rico a produit 60 % de la totalité de l’argent extrait dans le monde au cours de la seconde moitié du XVIème siècle et fit la fortune de la couronne espagnole. Le peuple bolivien n’a malheureusement jamais pu en profiter. Selon la légende, avec tout l’argent extrait de la montagne, on aurait pu bâtir un pont entre l’Espagne et Potosi.

Le Cerro Rico, symbole de Potosi

Lorsqu’on arrive à Potosi, le Cerro Rico (montagne riche),  en forme de cône s’impose à nous et surplombe la ville, culminant à 4 800 mètres d’altitude.

Photo : Espaces Andins

La montagne sacrée, tellement exploitée par les nombreuses coopératives,  menace de s’effondrer devenant un véritable gruyère. L’Unesco a d’ailleurs depuis 2014 mis la ville de Potosi sur la liste du patrimoine mondial en danger. Principale économie de la région, il est difficile d’arrêter l’exploitation de la mine. Les mineurs ont encore l’espoir de découvrir le gros fillon et ainsi changer de vie.

La casa de la Moneda, un incontournable lors d’une visite à Potosi

Potosi, ce n’est pas que la mine d’argent. Si l’on doit visiter un seul endroit lors d’une visite à Potosi, je vous conseille de passer quelques heures dans la Casa de la Moneda.

A l’entrée, se trouve le masque polychrome souriant,  placé au début de la guerre d’indépendance, dans le but de recouvrir une plaque royale.

Photo : Espaces Andins

Monument national, ce vaste bâtiment élégant est d’une beauté saisissante. Il s’agit sûrement du bâtiment le plus important de l’architecture coloniale de l’Amérique du sud. Sa construction commencée en 1750 et terminée 23 ans plus tard, abrite de précieuses peintures, sculptures, mobilier, et objets présentant un fort intérêt historique.

Photo : Espaces Andins

La Casa de la Moneda est actuellement l’un des endroits les plus importants utilisés pour illustrer l’histoire de l’exploitation des minéraux pendant la période coloniale. À l’intérieur, se trouvent plusieurs étages, avec des chambres, des salons et d’autres pièces typiques, représentant des scènes classiques de l’époque de la colonie. Il existe d’autres espaces supplémentaires qui servent de galeries d’art, avec d’intéressantes collections de peintures de style colonial et républicain.

Photo : Espaces Andins

Il existe également des textiles de style autochtone, des costumes typiques des communautés voisines et des pièces historiques de la guerre du Chaco entre la Bolivie et le Paraguay qui se déroula entre 1932 et 1935 et qui demeure l’une des guerres les plus meurtrières de tous les temps. On y trouve également des machines de laminage utilisées pour caler les pièces de monnaie, le four principal de la fonderie d’argent et la collection de matrices pour l’injection de la monnaie.

Les curiosités de Potosi

Lorsque l’on se promène dans Potosi, on est frappé par le nombre d’églises se trouvant dans la ville, de style baroque principalement. Parmi elles, on trouve la cathédrale, le couvent/musée de Santa Teresa considéré comme l’un des meilleurs musées d’art sacré d’Amérique latine. Depuis 1976, la communauté de religieuses s’est installée dans le nouveau couvent construit à côté de l’ancien, l’église de San Lorenzo de Carangas, l’une des premières à avoir été construites en 1548, la place du 10 novembre ceinturée d’arcades et les ruelles avec leurs façades colorées.

Photo : Espaces Andins

Mon expérience dans la mine

Visiter une mine peut être sujet à polémique. Lors d’une visite de Potosi, on peut faire le choix de visiter ou de ne pas visiter une mine. J’ai voulu pour ma part tenter l’expérience. Je ne peux pas dire si ce fut une bonne ou mauvaise expérience, ce fut une expérience. J’ai pu faire la visite dans des conditions particulières : c’était la fête de la mine donc aucun mineur, et j’étais avec ma guide privée et le guide de la mine qui était un ancien minier.

Photo : Espaces Andins

Avant de partir pour la mine, nous avons enfilé notre équipement : notre pantalon imperméable, des bottes en caoutchouc, notre veste, notre casque et notre lampe frontale. Puis, nous sommes partis vers le marché des mineurs, passage obligé pour acheter des « cadeaux » pour les mineurs et le dieu de la mine « El Tio ». Comme nous n’avons pas croisé de mineurs, les « cadeaux » ont été donné comme offrandes à El Tio. Les conditions dans la mine étant rudes, il faut savoir qu’avant d’y entrer, on doit acheter quelques « cadeaux » pour les mineurs comme : des feuilles de coca pour que les mineurs ne sentent pas la fatigue ni la faim, l’alcool éthylique à 96°C mais on peut aussi acheter de la dynamite, des mèches. C’est spécial comme marché me direz-vous mais les mineurs doivent s’approvisionner en matériel et  tout acheter eux-même chaque matin.

Nous entrons dans la mine. L’aventure commence. Nous nous arrêtons donner nos offrandes à El Tio, dieu de la mine en lui jetant des feuilles de coca et en lui posant nos bouteilles d’alcool. Conscient des dangers de la mine comme les glissements de terrain, les explosions, les gaz toxiques etc., les  mineurs font également des offrandes à El Tio pour bénéficier de sa protection. Il faut savoir que le mineur a une très faible espérance de vie, une quarantaine d’années à peine.

Photo : Espaces Andins

Comme j’étais seule, nous n’avons passé « que » 30 minutes à l’intérieur de la mine, nous avons fait  un tour « tranquille » comparé à ce que j’ai pu lire sur les différents blogs où des personnes ont dû ramper par terre, ce ne fut pas mon cas. Rien que les 30 minutes m’ont donné une idée des conditions rudes des mineurs, le manque de souffle se fait vite sentir, il fait chaud, nous avançons le dos courbé dans la galerie étroite dans la boue ou autre chose pas très agréable.  Il faut faire attention de ne pas se cogner même si les casques nous protègent très bien. Pendant notre tour, le guide nous explique la vie à la mine,  le système également des coopératives. Je sors de la mine  marquée psychologiquement.

Lorsque l’on part en direction des hauts-plateaux, je pense que Potosi mérite de s’y attarder quelques heures pour visiter la Casa de la Moneda, véritable petite merveille, flâner dans les rues, voir les nombreuses églises et couvents et sentir l’ambiance particulière de la ville. Mais, la Bolivie est un pays varié et chaque endroit est une véritable invitation à la découverte que ce soit au niveau naturel, culturel ou humain. Je vous invite à nous contacter pour découvrir ce fantastique pays aux multiples facettes.

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