En partant en Laponie, beaucoup rêvent de faire une balade en traîneau à chiens à travers les paysages enneigés. La présence d’une bête rend votre évasion incontestablement plus puissante. Même si j’ai vécu plusieurs fois cette expérience, je peux confirmer qu’on ne s’en lasse pas. J’adore aussi les chevaux. Je me souviens encore de ma virée à cheval à travers les grands espaces glacés en Islande. En partant en Colombie j’ai voulu absolument tenter une expérience équestre à Salento.
Photo : Espaces Andins
Comme en Islande, le cheval est très important dans l’imaginaire collectif en Amérique du Sud : les gauchos d’Argentine, les éleveurs de Patagonie, les habitants des Andes ont fait du cheval un compagnon indispensable. En partant en Colombie j’avais naturellement envie de parcourir les chemins de campagne à cheval et surtout d’en découvrir l’originalité. Le paso fino est une race chevaline originaire de Colombie : il tient son nom d’une allure particulière qu’il pratique naturellement, le « pas fin ». Descendant des chevaux espagnols utilisés par les conquistadors, il s’est développé au cours des siècles pour devenir le cheval le plus répandu en Colombie ; il possède trois allures supplémentaires par rapport aux allures classiques: le paso fino, le paso corto et le paso largo ; les trois sont innées chez le cheval colombien et sont l’héritage des chevaux espagnols.
Photo : Espaces Andins
Pour notre découverte de la région Café au centre de la Colombie, nous voyageons entre femmes ; toutes ont un niveau différent en matière d’équitation, mais aucune n’est une cavalière professionnelle. Néanmoins cette expérience s’est révélée passionnante pour tout le monde.Notre guide équestre colombien termine de brosser l’une de nos juments ; apparemment satisfait du résultat, il achève la séance de toilettage par une bonne tape sur sa croupe. « Voilà celui qui sait parler aux femmes », rigolent mes compagnes. Bientôt, tous nos chevaux sont prêts ; j’ai vraiment hâte de partir ! L’organisation sérieuse me retient puisque nous devons impérativement écouter les instructions de « conduite » comme pour le traîneau à chiens. Notre cavalier colombien sait en effet parler aux femmes : « Vous pouvez desserrer un peu en fonction du terrain et du dénivelé mais vous ne lâchez jamais les rênes … comme avec votre homme ! », éclat de rire évidemment, nous sommes toutes des célibataires. C’est certainement cette technique qui nous a manqué pour arranger notre vie privée !
Enfin parties… De la végétation dense, l’eau fraîche de la cascade, de magnifiques points de vue … en unisson avec la bête qui vous apprend beaucoup sur vous-même. J’ai lu de choses très intéressantes sur le dressage des chevaux et notamment sur les rapports entre le cheval et son cavalier. On ne peut prétendre maîtriser un cheval tant qu’on ne se maîtrise pas soi-même. « Tout ce que je sais sur les chevaux, c’est d’eux que je l’ai appris » disait avec humilité Tom Dorrance, fondateur de l’équitation éthologique aux États-Unis, « ce n’est pas sur le cheval qu’il faut travailler, mais sur nous- mêmes. Lui, il est toujours dans le vrai… ».
Photo : Espaces Andins
Je suis à l’aise et en confiance, ma jument s’appelle Candelaria. On va parcourir de très belles routes au milieu de paysages fabuleux en croisant des villageois tantôt à pied, tantôt à cheval ; tous nous faisant un signe amical et un large sourire. Les gens sont absolument adorables en Colombie et c’est très agréable. J’aime évidemment le galop mais nous allons emprunter des routes différentes où nous devrons aller prudemment au pas ; certains passages nous permettront d’aller au trot et même ce qui ressemblerait au paso fino. Finalement, l’équitation dans la région Café, avec ses dénivelés, sa géographie, est assez physique, surtout en endurance : les muscles abdominaux, ceux du dos travaillent beaucoup pour que le cavalier soit à l’unisson avec sa monture. Mais, en regardant votre cheval transpirer, vous pouvez vous dire que vous n’êtes pas seul à ne pas chômer ; lors des descentes, beaucoup de cavaliers laissent le cheval choisir son allure. Mais naturellement en pareil cas, ces descendants de chevaux de conquistadors se mettent à trotter… Quand on n’a pas appris le trot assis en divisant la partie basse et la partie haute du corps l’exercice peut s’avérer être un vrai cauchemar entre la peur de tomber et les secousses très désagréables.
Photo : Espaces Andins
Certaines entre nous ne manquerons pas de ressentir le « mal aux fesses » pendant plusieurs jours après ces moments. Mais nous sommes toutes unanimes pour dire que l’expérience vaut le coup d’être vécue ; certaines n’ont pas vu le temps passer à parcourir les chemins entre fincas, villages et rivières, certaines auraient aimé continuer la découverte de la Colombie de cette façon toute en harmonie avec l’environnement naturel de la région Café, toutes ont envie de renouveler l’expérience, certaines étant même prête à tenter le paso largo …
John Lyons, dresseur américain, parle du cheval comme d’un partenaire de danse : confiance, technique, amour, écoute, harmonie… Il faut apprendre à voir la joie dans l’œil du cheval, ajoute Tom Dorrance … Descendue de mon cheval à Solento, à la fin de cette belle balade équestre, expérience mémorable, j’avais longuement regardé l’œil de mon cheval qui semblait rigoler en me disant « médiocre cavalière, encore beaucoup de travail ».
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Julia Rugens
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