Marcher sur le glacier Huayna Potosi en Bolivie

30.06.19 | 0 commentaires

En cette période de canicule en France, j’ai pensé que c’était le moment de vous amener un peu de fraicheur avec le retour de ma marche sur le glacier Huayna Potosi, en Bolivie au mois de mai dernier qui m’a emmenée jusqu’à 4800 m. Marcher sur un glacier est une expérience que de nombreux voyageurs souhaitent vivre au moins une fois dans leur vie, beaucoup la coche sur la liste des activités à réaliser avant de quitter notre monde, la fameuse « bucket list ».  On peut marcher sur glacier en Islande, en Norvège mais il y a quelques années déjà,  j’ai eu l’occasion de marcher sur le glacier Perito Moreno en Patagonie argentine  à El Calafate, mais cette année, quelle fut ma surprise lorsque j’ai appris que j’allais marcher sur un glacier bolivien, et surtout à 4800 mètres. C’est la base du glacier en fait 4800 m, le Mont Blanc, le sommet étant à 6088 mètres et on y accède en 3 jours ou en 2 jours pour les plus téméraires. Lors de cette excursion en Bolivie, ce fut juste une initiation. Mon expérience au glacier Perito Moreno fut superbe mais nous étions au niveau de la mer donc pas trop compliqué et physiquement accessible à tous si on est en bonne santé et qu’on n’a pas de difficultés pour marcher.  Le glacier Huayna Potosi n’était pas du tout prévu dans mon programme, c’est mon guide qui m’a gentillement fait la surprise, connaissant bien le terrain ainsi que l’agence locale,  il a eu bien raison. C’est physique à cause de l’altitude, il faut avoir quand même un mental de guerrier ou de guerrière, cela se joue beaucoup dans la tête. Venez vivre avec moi cette expérience !

Le Huayna Potosi et la cordillère royale

La Cordillère royale de Bolivie est la chaîne de montagnes la plus connue et la plus visitée des Andes boliviennes. Ses sommets culminent à une hauteur moyenne de 6000 mètres environ, ce qui fait de cette chaîne l’une des plus hautes de la planète. Elle commence au sud-est par le majestueux Mont Illimani,  que l’on peut observer du centre-ville de La Paz, et s’étend au nord-ouest de l’Illampu, très proche du lac Titicaca et de la frontière avec le Pérou. Tellement proche de La Paz, à moins d’une heure, la cordillère royale ravit les amoureux de randonnée, et d’alpinisme.

Photo : Espaces Andins

Le Huayna Potosi, qui signifie « Montagne jeune Potosi » en Aymara,  est l’un des sommets enneigés préférés des alpinistes ou andinistes. Il appartient au  club fermé des « 6000 » avec une altitude de 6088 mètres, il est également l’un des moins techniques (à part certains passages) à gravir à condition d’avoir une bonne condition physique et d’être bien acclimaté. De la Paz, nous sommes à moins d’une heure en voiture (25 km env.), on y accède par la route ou plutôt une piste qui mène à Chacaltaya, « le chemin froid » en Aymara, montagne dont le sommet est à 5395 mètres, et qui fut une très belle station de ski. De nos jours, beaucoup de glaciers en Bolivie reculent malheureusement. Pour des raisons de sécurité et surtout lorsque l’on n’est pas un professionnel,  il faut absolument faire l’excursion avec une agence locale sérieuse que ce soit pour une journée de marche sur le glacier ou pour plusieurs jours d’expédition pour les plus sportifs.  Nous n’arrivons pas directement au pied du glacier, nous arrivons dans un premier temps au camp de base où nous allons récupérer les crampons et nous habiller. Les crampons on les enfile lors de l’arrivée à la base du glacier après une randonnée. Du sommet, parait-il que l’on a une vue spectaculaire sur la cordillère royale, je ne suis pas arrivée jusqu’au sommet, pour cela il faut partir sur plusieurs jours.

Le cimetière de Milluni (4450 mètres)

La route menant au Huayna Potosi est vraiment magnifique, entre de splendides lagunes et la chaine de montagnes aux sommets enneigés avec le Mont Huayna Potosi au loin, on en prend plein les yeux, c’est captivant ce qui ravit les amoureux de photographie.  Peut avant l’arrivée au glacier, nous passons dans le bassin minier de Milluni connu pour sa mine abandonnée d’étain qui cause des dégâts écologiques aux alentours de Huayna Potosi. Sur le chemin, un endroit mérite un arrêt, qui n’est pas indiqué dans les guides, c’est le cimetière de Milluni, site funéraire déclaré Patrimoine Touristique Culturel de la ville d’ El Alto.

Photo : Espaces Andins

Sur la route de Zongo, se trouve ce lieu paisible et sacré, appelé le « cimetière des mineurs », caractérisé par des tombes de la forme de petites maisons, comme s’il s’agissait d’une petite ville dont le fond est constitué d’une chaîne de montagnes. Les sépultures appartiennent principalement aux mineurs massacrés le 24 mai 1965 sous le régime dictatorial du General René Barrientos Ortuño ainsi que leurs familles. Le camp des mineurs de Milluni fut attaqué par l’armée dans le but de prendre la mine et d’interrompre la transmission radio de la station de Radio Huayna Potosí 4, car cette station diffusait des messages à l’encontre de la présidence de Barrientos Ortuño. Les lagunes et les montagnes enneigées de Huayna Potosí furent des témoins silencieux de cette terrible tragédie au cours de laquelle les mineurs ont offert leur vie. Au milieu des tombeaux, on trouve un signe en hommage aux assassinés, avec une légende qui dit : « Gloire aux morts dans le massacre du 24 mai 1965″. Il est à noter que dans cet espace dédié aux morts, le temps s’est écoulé inexorablement, car dans les tombes en ruines, plus que des vases à fleurs et des plaques commémoratives, foisonnent les déchets, la végétation sauvage et la terre accumulée par les rafales de vent. Nous nous arrêtons et nous prenons de belles photos de l’endroit avec le Mont Huayna Potosi en arrière plan, ambiance spéciale…

Préparation, marche sur le glacier et changement climatique (4800 mètres)

Passons maintenant au plus important, l’expérience de la marche sur le glacier. Concernant la préparation, je pense qu’il faut s’acclimater plusieurs  jours à la Paz avant l’excursion on l’expédition si vous partez pour plusieurs jours. Si vous venez d’un séjour sur l’Ile du soleil au Lac Titicaca où vous avez marché, c’est l’idéal. Par contre, n’allez pas faire le trek directement après votre arrivée à La Paz, ce serait suicidaire. Je pense qu’il faut être déjà sur place minimum depuis 1 semaine environ. Si on est à la base sportif, et en bonne condition physique, cela ne vous posera pas de gros soucis. Si l’expérience vous tente,  je vous invite à vous entrainer quelques mois avant votre départ, d’aller voir un cardiologue, faire tous les tests physiques, c’est important. Une fois sur place, on peut avoir par contre le mal des montagnes avec des  maux de tête, des vomissements ou juste avoir la nausée,  dans ce cas, l’aspirine pour faire l’affaire, cela fluidifie le sang comparé au paracétamol ou vous pouvez acheter sur place les « sorojchi pills ». Cela s’achète à la pharmacie à l’ unité, elles sont à base d’aspirine. Après, chaque personne réagit différemment à l’altitude. Il faut surtout savoir respirer, si vous êtes un peu comme moi et que vous ne savez pas respirer, ce sera compliqué. S’hydrater est très important avant, pendant, et après l’effort. On peut facilement oublier de boire avec le soleil, l’effort et l’altitude.  S’alimenter avant de partir pour la marche, prendre un petit-déjeuner bien copieux et ne pas oublier de s’alimenter pendant l’effort si on le peut. Personnellement, je n’avais pas trop faim en altitude.

Photo : Espaces Andins

L’agence locale vous prêtera l’équipement nécessaire que vous aurez essayé la veille,  donc même si comme moi, vous n’aviez pas prévu cela au programme, cela ne pose pas de soucis. Vous aurez le pantalon, la veste, les chaussures, et les crampons. Egalement, les bâtons de randonnée qui aident beaucoup je trouve pendant l’ascension et puis un panier repas pour s’alimenter pendant l’excursion. Lorsqu’on arrive au camp de base de Huayna Potosi,  on s’habille, on récupère les crampons et on part pour une marche d’environ 45 minutes en fonction du niveau jusqu’à la base du glacier. Ce n’est pas très compliqué mais si n’est pas en forme à ce moment là, cela peut vite le devenir. Le terrain est assez accidenté, avec pleins de cailloux, on monte, on descend, et je me dis à ce moment-là que mes bâtons de randonnée m’aident énormément et que c’est quand même un petit peu physique, je ne suis pas encore arrivée au glacier. A côté, le Perito Moreno très simple, rien que la petite balade pour arriver au pied du glacier, sur du plat, dans la forêt. Voir le glacier et marcher dessus vraiment ça se mérite et je pense à ceux qu’ils font l’ascension jusqu’au sommet. Heureusement, la météo est royale, un magnifique ciel bleu, il doit faire entre 10 et 15°C, la crème solaire est de sortie (important à avoir dans son sac avec les lunettes de soleil et le baume à lèvres (j’avais oublié ce dernier à l’hôtel)). Il n’est pas nécessaire d’avoir un beau ciel bleu pour marcher sur glacier, plusieurs guides m’ont dit que ce soit en Argentine, au Chili que l’on voyait les plus belles couleurs des glaciers par temps gris. Ce fut effectivement le gars au Chili lorsque j’ai approché le glacier San Rafael.

Photo : Espaces Andins

Sur le chemin et en arrivant surtout à la base du glacier,  nous sommes le témoin que le changement climatique est fortement présent dans les Andes. Mon guide local me confirme que la plupart des glaciers fonde en Bolivie. Malheureusement, si les températures augmentent, ils continueront de diminuer ce qui a pour conséquence de mettre en péril l’approvisionnement en eau des communautés voisines car l’eau des glaciers est importante pour l’irrigation, l’eau potable et l’énergie hydroélectrique, tant pour les villes montagneuses que pour les grandes villes comme La Paz et El Alto. Au cours d’une année, les 2,3 millions d’habitants de ces deux villes reçoivent environ 15% de l’eau fournie par les glaciers, un pourcentage qui double presque pendant la saison estivale. Le recul des glaciers signifie également moins d’eau disponible pour les rivières et les lacs, comme le lac Poopó, qui s’est asséché dernièrement. Selon les scientifiques, les glaciers de la Cordillère Royale ont diminué de 43 % entre 1986 et 2014, ce qui constitue une preuve spectaculaire de ce changement. Pour les voyageurs qui souhaitent se rendre dans les montagnes où les troupes incas se sont affrontées avec les rebelles aymara ou se promener dans des cimes enneigées,  les années à venir seront une bonne occasion pour planifier votre voyage avant de les voir disparaitre à jamais.  Mais pour le moment, bien que le Huayna Potosi soit moins technique à gravir que les autres montagnes, la Cordillère Royale reste un défi de taille,  avec ses sommets techniques et ses sentiers de promenade qui invitent les voyageurs les plus aventureux.

Photo : Espaces Andins

A l’arrivée à la base du glacier, c’est le bonheur, enfin, on y est !!! J’avais du mal à respirer car je ne sais pas respirer, mon guide Miguel, a été bienveillant et s’est adapté à mon niveau. Nous avons pris notre temps, j’ai mis mes crampons et j’ai pu démarrer l’excursion tranquillement sur le mur de glace, pas évident au départ, il faut bien taper dans la glace pour grimper. J’ai trouvé que les crevasses étaient moins marquées que lors de ma marche sur le glacier Perito Moreno en Patagonie argentine, mais les crevasses sont plus marquées au moment de l’ascension. Si on le souhaite, on peut faire de l’escalade sur glace lors de cette excursion. C’est un beau moment de se retrouver sur un glacier,  étant une amoureuse des grands espaces, j’ai énormément apprécié  la beauté des paysages, cela en valait la peine. Je recommande vraiment à ceux qui ont la condition physique de faire un trek de plusieurs jours. Et on ne peut pas dire qu’il y ait beaucoup d’embouteillages, pas grand monde, on est un peu seul au monde.

Photo : Espaces Andins

Lorsque l’on part sur 3 jours (on peut aussi faire sur 2 jours), ce que j’ai fait c’est une initiation pour s’habituer au matériel, on s’acclimate, le 2ème jour, les choses sérieuses commencent avec une randonnée de 2h environ  et nuit en refuge à 5200 mètres d’altitude et le 3ème jour, c’est le challenge,  l’ascension démarre sur les coups de minuit, la journée est longue entre 8 et 12h mais quel bonheur arrivé  au sommet, à plus de 6000 m, vous aurez l’impression de toucher les nuages et d’avoir dépassé vos limites.

Vivre la même expérience que moi

Je tenais à remercier l’agence ANDEAN EXPEDITIONS DIRNINGER, dirigé par Michaël, autrichien, qui a fondé l’agence il y a plus d’une dizaine d’années maintenant. Amoureux de  l’Amérique du sud,  il aime partager sa passion avec ses clients. Agence très sérieuse, Michaël le directeur, travaille avec des guides certifiés par la Fédération international des Associations de guides de montagnes (IFMGA), vous serez entre de bonnes mains. Michael connait des endroits encore secrets et hors des sentiers battus, j’ai eu l’occasion de voir quelques photos dans son bureau de La Paz. Michael organise également des séjours photographiques. Partir une journée ou 3 jours nécessite d’avoir une agence locale sérieuse à ses côtés que ce soit pour le matériel, ou la sécurité. Michael organise également des voyages dans les pays voisins d’Amérique du sud. J’ai partagé ma journée avec Miguel, guide bolivien, 17 ans d’expérience, sympathique,  bienveillant, intéressant, parlant un anglais parfait, et qui s’adapte très bien à ses clients.  Il a contribué à la réussite de cette journée. Merci à tous !

Photo :  Michael Dirninger Andean expeditions Dirninger

Même si ce ne fut qu’une initiation,  ce fut une belle journée, le plus important n’était pas que l’initiation à la marche sur glacier, c’était aussi de voir les paysages aux alentours qui sont splendides. On ne pense pas que si proche de La Paz, on peut voir d’aussi beaux paysages et aussi différents. Si  vous êtes intéressé par cette aventure sur plusieurs jours, je vous invite à contacter une agence sérieuse en France (nous par exemple) qui a les bons contacts en Bolivie pour vous organiser votre voyage car on peut voir de tout, du sérieux et du moins sérieux comme au Salar d’Uyuni par exemple. C’est vraiment important d’en avoir conscience, certes, on paye plus cher mais on paye le prix de la sécurité. Pour l’ascension en 2 ou 3 jours, je vous recommande d’avoir un bon entrainement les mois précédant l’ascension, si vous faites déjà des stages en montagne c’est l’idéal, sinon, un bon entrainement sportif fera l’affaire, et surtout merci de  consulter un médecin avant de partir pour un séjour en altitude que ce soit en trek ou avant de partir en voyage dans les Andes tout court. Avoir le conseil de son agence de voyage spécialiste peut s’avérer utile. Je suis prête à vous organiser le voyage de votre vie en Bolivie, le voyage sur mesure est notre spécialité, ce pays reste méconnu, et vous serez quasi seul sur place, une vraie destination hors des sentiers battus,  contactez-nous et je vous ferai partager ma passion pour ce pays aux paysages magiques et à sa population attachante.

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