Architecture El Alto, Bolivie

El Alto, la curiosité architecturale de Bolivie

Jusqu’au 24 février,  l’exposition « Géométries du sud, du Mexique à la Terre de Feu » célèbre à la Fondation Cartier pour l’art contemporain à Paris, la richesse et les couleurs de l’art latino-américain à travers plus de 250 oeuvres de plus de 70 artistes de la période pré-colombienne jusqu’à la période contemporaine. Les amateurs d’art seront ravis par cette exposition où sculptures, masques, vanneries, oeuvres abstraites, céramiques et peintures sont au rendez-vous.  Dès l’entrée, nous sommes accueillis par l’imposante salle de banquets réalisée par l’architecte ingénieur Bolivien, Freddy Mamani. La salle est  colorée  avec les motifs de la culture aymara dont Freddy Mamani est originaire.

Salon des banquets - Bolivie - Freddy Mamani-  Fondation  Cartier  Photo : Espaces Andins

Salon des banquets – Bolivie – Freddy Mamani- Fondation Cartier
Photo : Espaces Andins

Cette semaine, nous allons dans cet article évoquer El Alto ainsi que l’oeuvre architecturale de Freddy Mamani, située dans la périphérie de La Paz, véritable curiosité en  Bolivie.

El Alto, ville la plus haute au monde

Située à l’ouest de la ville de La Paz, à 4150 m d’altitude, la commune d’ El Alto,  fut pendant de nombreuses décennies l’un des quartiers pauvres sur les hauteurs de La Paz. A El Alto, tout est couleur brique, monochrome, sans revêtement. Puis, de nombreux aymaras qui autrefois habitaient dans les campagnes ont décidé de migrer vers El Alto à la recherche de meilleures conditions de vie. Avec le boom économique en Bolivie en 2006 et l’arrivée au pouvoir du premier président indigène Evo Morales, tout s’est accéléré, des aymaras se sont enrichis grâce au commerce ce qui a fait qu’ El Alto est devenue le centre de la Renaissance de la culture indigène bolivienne.

CHOLETS – Trailer from UNITEDNOTIONS film on Vimeo.

Cette renaissance s’est traduite à travers une architecture indigène colorée de style imposant avec de nombreuses formes géométriques. Aujourd’hui, la banlieue de La Paz est la plus grande et la plus haute métropole de Bolivie et du monde avec une bourgeoisie aymara émergente ainsi qu’une forte identité indigène. Un plus grand pouvoir d’achat et l’affirmation  de leur identité ont permis la naissance d’une nouvelle forme d’architecture : l’architecture andine.

Freddy Mamani

Freddy Mamani, ingénieur issu d’une communauté indigène, originaire du Lac Titicaca,  « les aymaras », décide de préserver la culture indigène bolivienne en construisant des bâtiments inspirés de la culture Aymara. Basé sur les cultures ancestrales boliviennes, cet artiste a construit plus de 80 bâtiments transformant la ville d’ El Alto. La conception de ces bâtiments est principalement inspirée par la culture Tiwanaku et de ses formes géométriques.

Des couleurs vives caractérisent son travail avec des miroirs, des lumières et des formes géométriques inhabituelles pour l’architecture traditionnelle, semblables à celles qui peuvent être observées dans les tissus de la culture Tiwanaku, l’aguayo.

Bus coloré passant devant les cholets en construction, El Alto Photo copyright : Tatewaki Nio,, Neo-andina 2016

Bus coloré passant devant les cholets en construction, El Alto
Photo copyright : Tatewaki Nio,, Neo-andina 2016

Freddy Mamani précise « mon architecture n’est pas une architecture exotique, mais une architecture andine qui transmet l’identité et récupère l’essence d’une culture ». Dans un pays où les communautés autochtones restent loin du pouvoir politique et économique, le travail de F.Mamani envoie un message de fierté et d’espoir.

Autres cholets de Freddy Mamani

Autres oeuvres architecturales de Freddy Mamani :

Cholet dans un quartier résidentiel en brique rouge à El Alto, Bolivie Photo copyright : Tatewaki Nio, Serie neo-andine, 2016

Cholet dans un quartier résidentiel en brique rouge à El Alto, Bolivie
Photo copyright : Tatewaki Nio, Serie neo-andine, 2016

Cholet dans un quartier résidentiel en brique rouge, El Alto Photo : Tatewaki Nio, Serie neo andina, 2016

Cholet dans un quartier résidentiel en brique rouge, El Alto
Photo : Tatewaki Nio, Serie neo andina, 2016

Les « cholets », symbole de réussite

On appelle ces bâtiments colorés « des cholets », un mélange de « chalets » et « cholo/a » (bolivien ou bolivenne indigène)  en réference à la bourgeoisie indigène qui possède ces bâtiments. Parce qu’avoir un bâtiment conçu par Freddy Mamani est un symbole de statut et de réussite économique, le prix pouvant atteindre entre  200 000 et 1 million de dollars. Ces bâtiments sont sur 3 ou 4 étages  et appartiennent à un seul propriétaire.  Les cholets sont construits sur mesure. A l’intérieur comme à l’extérieur, la palette de couleurs choisies est celle de l’aguayos, le tissu typique des Andes avec ses couleurs fortes et constrastées. On y trouve les couleurs de la pachamama (le vert par exemple) et les formes qui symbolisent leurs dieux : le soleil, le serpent, le condor ou la lune.

Colonne d'un cholet bolivien à l'exposition "Geométries sud" à la Fondation Cartier //Photo : Espaces Andins

Colonne d’un cholet bolivien à l’exposition « Geométries sud » à la Fondation Cartier //Photo : Espaces Andins

L’organisation de ces « cholets » est bien précise : au rez de chaussée se trouvent des boutiques,  au 1er étage, se trouve la salle de banquets ou des évènements spéciaux comme les mariages et les fêtes locales du peuple aymara, ces salles pouvant accueillir entre 500 et 2000 personnes et au dernier étage se trouve la résidence du propriétaire privée et luxueuse.

Une cholita à la Fondation Cartier dans la salle des banquets // Photo : Espaces Andins

Une cholita à la Fondation Cartier dans la salle des banquets // Photo : Espaces Andins

 

Si vous êtes sur Paris, vous pouvez jusqu’au 24 février partir le temps de quelques instants à El Alto lors de l’exposition « Géométries sud » à la Fondation Cartier  ou nous vous invitons à contacter Espaces Andins où nous nous ferons un plaisir de vous organiser  un voyage en Bolivie et une visite architecturale d’El Alto lors de votre passage à La Paz.

 

Par Valérie