Début novembre, je termine mon séjour au Salar d’Uyuni, l’un de mes rêves depuis dix ans, depuis la création d’Espaces Andins. Je pensais que mon voyage au niveau des émotions s’arrêterait à Uyuni, pensant avoir atteint l’objectif de ce voyage en Bolivie. Au lendemain de mon splendide coucher de soleil sur le salar, j’entame la dernière étape de mon périple bolivien, le Lac Titicaca, berceau de l’empire inca et plus haut lac navigable au monde (3812 m) avec un séjour de deux nuits à la Isla del Sol (Ile du soleil), rien que le nom fait rêver, une escapade que je n’aurais jamais pensé aussi marquante. Pourquoi j’ai adoré l’Ile du soleil ? Suivez-moi…
Copacabana et arrivée au Lac Titicaca
Photo : Espaces Andins
Arrivée à l’aéroport El Alto de La Paz, accueillie par mon guide et notre chauffeur, nous partons directement pour un endroit mythique de Bolivie, le Lac Titicaca dont la Bolivie et le Pérou se partagent les eaux. J’avoue que je n’ai aucune attente car j’ai encore la tête au Salar d’Uyuni, à la Laguna verde, à la Laguna colorada ainsi qu’aux Geysers Sol del Manana. L’arrivée à El Alto me surprend car habituée lors de mon périple sur les hauts-plateaux, à n’avoir vu personne pendant quatre jours, c’est un retour à la civilisation qui lors des premières heures ne sera pas facile. Nous partons donc pour 3h30 de route environ en direction de la ville de Copacabana. Non, ce n’est pas le titre d’une chanson, et nous ne partons pour le Brésil mais nous restons en Bolivie et nous partons en direction de la ville qui sera la porte d’entrée de notre escapade. Peu à peu avant l’arrivée au Détroit de Taquina, nous avons des hauteurs, une vue splendide sur les eaux bleutées du lac. Nous avons une chance incroyable avec la météo qui est très clémente. Avant l’arrivée à Copacabana, nous prenons un bac et nous traversons le détroit de Tiquina, qui sépare le lac Titicaca en deux parties. Avec ses 850 mètres de profondeur à son point le plus étroit, il rejoint le lac supérieur (lac Chicuito) et le lac inférieur (le lac Pequeno). Ce moment peut être impressionnant, avec tous ses bacs avec leurs voitures mais tout s’est bien passé et cela ne dure que quelques minutes. Cela fait partie de la vie bolivienne, on est dépaysé. Arrivée au village de San Pedro de Tiquina puis continuation jusqu’à Copacabana où nous y arriverons pour le déjeuner. Nous ne sommes pas loin de la frontière péruvienne, à seulement quelques kilomètres. Chaque année, au début du mois de février, les boliviens, les péruviens et les personnes de confession catholique se rendent à Copacabana où se déroule sur les rives scintillantes du Lac Titicaca un pélerinage pour honorer la patronne de la Bolivie, Notre-Dame de Copacabana, vénérée pour une série de miracles qu’elle aurait pu accomplir dans la région.
Copacabana et la Basílica de la Virgen de la Candelaria
Dès notre arrivée dans la ville colorée et animée de Copacabana, nous arrivons sur la place du 2 février où l’on s’emprègne de l’ambiance locale, entre étals de souvenirs et d’artisanat.
Photo : Espaces Andins
L’imposante basilique de Nuestra Senora de Copacabana avec ses murs blancs, construite dans un style Renaissance datant de 1 550 et reconstruite entre 1610 et 1651 ne passe pas inaperçue à mes yeux. J’adore l’architecture et principalement celle des églises. J’étais contente que l’on puisse la visiter, ce n’était pas toujours le cas jusqu’à présent en Bolivie, les églises étant ouvertes uniquement pour le service religieux.
Photo : Espaces Andins
A l’intérieur de la basilique, se trouve la sculpture de la Vierge de la Candelaria de Copacabana, taillée en 1580 par l’artiste quechua Francisco Yupanqui, neveu de l’inca Tupac Yupanqui et déclarée reine de la nation de Bolivie en 1925.
La Isla del sol
Direction l’Isla del sol
Après notre déjeuner, nous laissons notre chauffeur et nous quittons la civilisation pour embarquer à bord d’un petit bateau qui va nous emmener en un peu plus d’une heure jusqu’à la Isla del Sol (Ile du soleil) où nous passerons trois jours dans la quiétude. Il faut dire que le mois de novembre est le début de la basse saison en Bolivie.
Photo : Espaces Andins
En haute saison (l’été en Europe), il y a beaucoup plus de monde ce qui pourrait donner un autre sentiment du lieu. Beaucoup de personnes visitent l’ile du soleil en une journée ce que je ne recommande pas du tout si vous souhaitez profiter au maximum du lieu, randonner au maximum, profiter du lever et surtout du coucher de soleil et observer les étoiles, le ciel étant clair permet l’observation des étoiles. Cet endroit est une véritable invitation à la déconnexion et au bien-être mental, elle mérite une découverte complète.
Pourquoi l’ile s’appelle « l’ile du soleil » ? Selon la tradition, Inti Sun, marraine des Incas, décida d’envoyer sur terre son fils Manco Capac et sa femme soeur, Mama Ocllo, afin de les civiliser et de fonder un grand empire. Ces deux envoyés sont apparus sur le terrain exactement sur la Isla del Sol, sortant des eaux dans les mousses du lac Titicaca. De là, ils ont marché jusqu’à Cusco, pour fonder la capitale du grand empire Inca.
Arrivée sur l’île
Après presque deux heures de navigation, nous arrivons enfin à la Isla del Sol, au sud, dans le village de Yumani. Le nord est bloqué à cause de conflits entre les communautés, on ne peut malheureusement pas aller visiter cette partie. L’endroit me fait penser aux îles grecques mais à 4000 m d’altitude. C’est un vrai petit paradis, je suis bluffée, émerveillée. Nous descendons de notre embarcation et nous disons au revoir au conducteur du bâteau. Vous remarquerez en arrivant sur cette île que votre meilleur atout pendant ces quelques jours seront vos jambes car en effet il n’existe pas de routes ni de véhicules à moteur.
Photo : Espaces Andins
Pendant que nous démarrons notre randonnée, nos bagages sont transportés à dos de mule jusqu’à notre hôtel. Il existe plusieurs sentiers de randonnées correspondant à différents embarcadères. L’ile du soleil était autrefois le centre cérémoniel de l’île. Aujourd’hui, l’ile est habitée par des communautés indigènes d’origine Quechua et Aymara qui se consacrent principalement à l’agriculture, au pastoralisme, à l’artisanat, ainsi qu’au tourisme. L’île du soleil est l’endroit par excellence pour marcher le long des différents sentiers, traversant des sites archéologiques et rencontrer les habitants. Dès la sortie de l’embarcadère se trouvent les ruines du Palais de Pilkokaina, qui accueillait l’inca Yupanqui lors de ses pèlerinages dans le nord de l’île. Le site offre un magnifique panorama sur le lac.
Photo : Espaces Andins
Concernant les sentiers, il y en a pour tous les niveaux de difficulté, même si au départ, ce n’est pas chose aisée mais si vous avez une bonne condition physique, il n’y a pas de problème. Si vous partez avec un guide, ce que j’ai fait, il s’adaptera à votre niveau. Nous commençons notre marche en prenant notre temps jusqu’aux hauteurs de l’ile du soleil d’où nous avons une magnifique vue sur les terrasses de culture que l’on retrouvera dans toute l’île. Dès le matin, nous voyons les paysans travailler la terre manuellement ; en effet, les machines n’existent pas.
Photo : Espaces Andins
Egalement, nous rencontrons sur le chemin des lamas ainsi que des alpacas blancs. Nous passons devant la petite église du village de Yumani, l’église San Antonio qui dessert la moitié de l’île. A proximité, se trouvent un groupe de maisons d’hôtes et de là, nous avons une vue fantastique sur l’ile de la Luna (île de la lune), la cordillère enneigée et les côtes péruviennes.
Photo : Espaces Andins
Au bout d’une heure environ, nous arrivons à destination dans notre hôtel éco-responsable situé au sommet de l’île ou presque et qui travaille en partenariat avec les communautés Aymara de Yumani.
Logement dans un hôtel éco-responsable en harmonie avec son environnement
Sur les hauteurs de l’île du soleil se trouve notre hôtel éco-responsable, les 15 chambres qui font toutes face au lac Titicaca, sont construites en briques d’adobe (argile mélangée à de l’eau et à une faible quantité de paille séchée au soleil). L’avantage de l’adobe est qu’il garde la chaleur dans un habitat et garantit un faible impact sur l’environnement. A l’intérieur des chambres, il n’y a pas de poêles électriques, pas de chauffage. Tout se fait naturellement avec l’énergie solaire grâce à l’installation de panneaux solaires.
Photo : Espaces Andins
L’hôtel a également un système complet de gestion des déchets solides qui classe les déchets. Des traitements appropriés sont ensuite appliqués. De l’engrais organique est ensuite généré et utilisé dans les jardins et les serres pour développer la croissance de la production biologique.
L’eau sur l’ile du soleil est une ressource essentielle. Il est donc primordial de promouvoir son utilisation responsable. Il est conseillé pour tout utilisateur de faire attention à sa consommation d’eau pendant son séjour. L’hôtel dispose d’un système de filtrage des eaux pluviales et d’un système de réutilisation des eaux usées.
Pour préserver et protéger l’environnement sur l’île du Soleil, l’hôtel dispose d’un jardin rempli de plantes et d’arbres indigènes tels que Kantuta, Quiswara et Queñua. Egalement présente, une serre écologique, où sont produits des aliments et des herbes biologiques, qui sont ensuite utilisés pour le menu du restaurant. Les aliments proposés sont biologiques et les boissons contiennent des produits naturels (sans additifs, ni agents de conservation). Lorsque cela est possible, les produits alimentaires sont achetés à de petits producteurs dans le but de les soutenir. Au potager, on peut trouver des courges, du céleri, des bettes, de l’ail, des piments rouges, et la quinquina une plante médicinale. La table du restaurant est très bonne entre la soupe de quinoa et la truite fraiche.
Photo : Espaces Andins
L’hôtel travaille étroitement avec la communauté et offre des emplois aux habitants des différentes communautés. La communauté gagne un pourcentage sur les excursions. Les lamas et les ânes amènent les courses, l’eau, du matériel, les bagages des clients, l’hôtel aide pour leur soin et leur bien-être. Egalement l’hôtel travaille avec la communauté pour amener les touristes en bateau de Copacabana jusqu’à l’hôtel.
Photo : Espaces Andins
Avec cette participation, les membres de la communauté peuvent faire vivre leurs familles et les enfants peuvent recevoir une éducation. Il est également possible pendant son séjour de rendre visite aux voisins de l’hôtel éco-responsable afin d’en apprendre un peu plus sur la culture aymara. Ils partageront des histoires sur l’héritage de leurs ancêtres.
L’apthapi, le repas traditionnel
Plus qu’un simple banquet, c’est l’un des rares rituels andins encore en vigueur, qui consiste en une forme collective de repas, avec la contribution de tous les membres de la communauté. On y trouve des produits de la terre et des produits de l’élevage.
Photo : Espaces Andins
La pomme de terre, les oeufs, le maïs, le fromage, le poisson, le poulet .. Nous avons dégusté ce repas traditionnel dans un restaurant faisant face au lac, un beau moment.
Profiter du coucher de soleil
L’un des beaux moments de votre séjour sur l’Ile du soleil sera de profiter du magnifique coucher de soleil de la colline. De notre hôtel, cela nous a pris environ 30 minutes pour monter en haut de la colline et là, un superbe spectacle avec la cordillère royale enneigée en toile de fond s’offre à nous. Même si en novembre, en fin de journée, il fait un peu frais, cela en vaut la peine, c’est vraiment spectaculaire. Au niveau pratique, il faut juste ne pas attendre que la nuit tombe car il n’y a pas de lumières pour rentrer à l’hôtel, la lampe de poche est recommandée. Sinon, vous passerez une nuit romantique sous les étoiles avec votre compagnon.
Photo : Espaces Andins
Il n’est pas nécessaire de dire que j’ai été conquise par ce séjour à la Isla del Sol. Un autre article suivra sur l’ile de la lune (Isla de la luna) plus tard. La Isla del sol est un endroit vraiment paisible, où le temps s’arrête le temps de quelques jours, où l’on a envie d’y rester pour un moment et profiter du moment présent. J’aurais aimé y rester plus longtemps, continuer à randonner à 4000 m d’altitude. J’aurais aimé un peu plus échanger avec les habitants et écouter leurs histoires. Qui sait, peut-être qu’un jour, je retournerai sur cette merveilleuse île ? Je suis rentrée depuis quelques semaines et je n’ai toujours pas atterri… Cet endroit pour plusieurs raisons me marquera à jamais aussi bien pour les fantastiques paysages que pour la gentillesse des boliviens. Si vous souhaitez découvrir ce petit paradis, je vous invite à me contacter et cela me fera plaisir de vous faire vivre ce que j’ai vécu pendant ce merveilleux séjour.
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