Un phénix andin
La légende dit que Manca Capac fonda la capitale de l’empire Inca en 1200 après J.-C. « Nombril du monde » pendant plus de trois siècles, Cuzco fut progressivement dotée d’un ingénieux système d’alimentation en eau, de rues pavées et d’imposants bâtiments. C’est à L’Inca Pachacutec Yupanqui que l’on attribue l’immense expansion de l’empire au 15ème siècle. De la place centrale de Cuzco partaient les quatre grandes routes desservant Tahuantinsuyo, « l’empire des quatre régions » d’une superficie de 1.7 million de km2. Cette société sans propriété privée ni monnaie dominait au sud une partie du Chili et de l’Argentine, au nord de larges pans de l’Equateur et de la Colombie. Le temple de Coricancha, voué au dieu du soleil Inti, était alors recouvert de 700 plaques d’or pesant chacune 2 kg… Les Conquistadors de Francisco Pizarro n’en mirent pas moins Cuzco à sac en 1533. Une insurrection sanglante et incendiaire eut lieu trois ans plus tard. Pour la reconstruction, les Espagnols gardèrent les soubassements incas. On trouve ainsi dans toute la ville des murs sans mortier faits de grosses pierres toutes différentes, à l’assemblage parfait. Dominant la ville, les ruines de Sacsayhuamán, imposante forteresse inca, ont même des blocs de 80 à 160 tonnes. Comment furent-ils acheminés depuis la carrière, sans animal de trait ni roue ? Probablement roulés sur des rondins, parfois pendant 15 à 20 ans ! Les Espagnols firent appel aux meilleurs artisans et artistes pour construire de superbes églises et palais coloniaux. Mais le tremblement de terre de 1650 ravagea 80 % des constructions récentes, qui au contraire de celles des Incas n’étaient pas conçues pour résister aux secousses. Un autre séisme ébranla la ville en 1950.
Photos : Espaces Andins
A l’école de Cuzco
A 3 300 m d’altitude, dans une vallée encaissée, la ville contemporaine est une mer de toits roux surmontés d’ornements en terre cuite. Le centre touristique du Pérou compte 400 000 habitants, pour la plupart Quechuas et métisses. Le Palacio Arzobispal, la cathédrale et ses deux églises adjacentes sont des joyaux du style dit de l’école de Cuzco. Une visite s’impose au Musée d’Art Précolombien, au Musée Inca et à San Blas, quartier des artistes aux nombreux ateliers de peinture, galeries d’art et restaurants. Pour la 5ème année consécutive, le Pérou fut élu en 2016 « Meilleure Destination Gastronomique » aux World Travel Awards (WTA) ! Les quatre éléments de base de sa cuisine sont le maïs, la pomme de terre (environ 3 000 variétés), le haricot et le riz. Le cochon d’Inde est consommé grillé depuis l’époque Inca. Les entrailles de l’animal permettraient aussi le diagnostic et le traitement de maladies… La viande d’alpaga arrosée de vins fins d’Amérique du Sud est une alternative séduisante. Le 24 juin, Sacsayhuamán est le théâtre de l’Inti Raymi, à l’origine une cérémonie honorant Inti le jour du solstice d’hiver. Les marcheurs apprécient que les villages et sites archéologiques des environs de Cuzco soient parfaitement accessibles, à condition d’être acclimaté.
Photos : Espaces Andins
Rêves de trains péruviens
Circuler en train dans l’altiplano, dans des gorges étroites ou le long de torrents rugissants, est une expérience inoubliable. Les tronçons les plus spectaculaires se trouvent entre le Machu Picchu, Cuzco et Puno. Au départ de la gare de Poroy, à 18 km de Cuzco, une voie ferrée mène au pied du Machu Picchu. Elle traverse la Vallée Sacrée, entre Pisac et Ollantaytambo, aux paysages grandioses et nombreux sites incas. Le train de luxe Hiram Bingham porte le nom du découvreur du Machu Picchu en 1911. Il parcourt les 111 km en 3H50, le temps éventuellement d’un dîner fin dans un décor inspiré des voitures Pullman des années 20. Il faut 10H30 à l’Andean Explorer, tout aussi confortable, pour avaler les 350 km séparant Cuzco de Puno. Le train passe notamment à Urcos, où selon la légende une partie de l’or Inca fut cachée de la convoitise espagnole. La Raya est le point culminant de la ligne à 4 321 m ; Rosanna Arquette y tourna une scène du film Le Grand Bleu (1988) de Luc Besson. La croisière ferroviaire se termine à Puno sur les berges du lac Titicaca.
Photos : Espaces Andins
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